Mémorial des batailles de la Marne - Dormans

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Mémorial des batailles de la Marne 1914-1918 | Dormans
Site officiel du monument

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La famille de La Rochefoucauld


C’est la famille de La Rochefoucauld qui émit l’idée, à la fin de la Grande Guerre de 1914-1918, que soit érigé à Dormans le Mémorial des Batailles de la Marne.

Nous avons donc demandé à M. le Comte Philippe de La Rochefoucauld de nous rappeler la genèse de ce projet.

Cet hommage est le témoignage de notre reconnaissance vers ses aïeux, fondateurs de ce monument qui constitue aujourd’hui l’emblème de notre cité.

C’est aussi l’occasion de le remercier pour sa confiance sans faille et le concours qu’il apporte, aux côtés de la municipalité et de l’association du Mémorial de Dormans, à la valorisation de ce site historique.


Cérémonie du 5 juillet 2009: Allocution de M. le Comte Philippe de LA ROCHEFOUCAULD
Cérémonie du 5 juillet 2009: Allocution de M. le Comte Philippe de LA ROCHEFOUCAULD

C’était en novembre 1918. Les dernières notes du «cessez-le-feu» étaient à peine envolées que déjà mon aïeule, ou plus exactement la grand-mère paternelle de mon père, Jeanne de ROCHECHOUART de MORTEMART, épouse Alexandre de LA ROCHEFOUCAULD, Duc d’Estissac, prononçait ces mots : « C’est quand même trop fort ! La France a gagné la guerre et personne ne pense à remercier Dieu de nous avoir donné la victoire ! ». Juste indignation d’une femme, d’une chrétienne, pour qui tout bonheur en ce monde vient de Dieu. C’est toujours dans les moments de grande émotion que nous sommes les plus vrais.

Son coeur de mère avait été épargné et au retour du front de ses deux fils, blessés mais vivants, elle avait fait ériger dans sa propriété du Loiret une statue de la Sainte Vierge portant cette inscription : « merci de les avoir protégés ».

Epargnée, mais comme toutes les femmes de cette génération meurtrie, car elle avait tout de même subi des pertes cruelles en la personne de son gendre et de trois de ses neveux.


Le sacrifice de leur vie a contribué pour une part, si infime soit-elle, à la victoire de la France et on peut citer leur nom :

  • Ernest d’ARENBERG, mort le 30 mars 1915 des suites des blessures reçues au combat.
  • François de MORTEMART, tué à Ligny-en-Barrois le 16 mars 1918.
  • Henri de LA ROCHEFOUCAULD, tué à Gury le 17 juin 1918.
  • Louis de CLERMONT-TONNERRE, tué à Orvillers-Sorel le 30 mars 1918.

L’hommage que nous leur rendons aujourd’hui se reporte bien entendu sur les 1.390.000 Français morts pour la Patrie au cours de la Première Guerre Mondiale.

Le 18 juillet 1919, anniversaire de la deuxième victoire de la Marne devant le château
Le 18 juillet 1919, anniversaire de la deuxième victoire de la Marne devant le château.

Mon aïeule avait la chance de connaître le Maréchal FOCH. Elle habitait à Paris, rue Saint-Dominique, à quelques centaines de mètres du 138 rue de Grenelle où résidait le Maréchal. Ils se rencontraient notamment à l’église Sainte-Clotilde où le prestigieux soldat, qui avait lui perdu son fils et son gendre lors de ces combats meurtriers, se rendait chaque dimanche coiffé de son grand chapeau. C’est ainsi qu’à la suite d’une conversation, le Maréchal, dépliant une carte, indiqua Dormans comme étant le lieu décisif pour la victoire de nos armées. Le Cardinal LUÇON, Archevêque de Reims, et Monseigneur TISSIER, Evêque de Châlons, accompagnèrent mon aïeule dans son entreprise.


Moment d’émotion lorsque le drapeau est hissé à la cime de l’arbre, à l’emplacement de la future chapelle
Moment d’émotion lorsque le drapeau est hissé à la cime de l’arbre, à l’emplacement de la future chapelle

Le majestueux domaine de Dormans fut acquis et, le 18 juillet 1919, un an jour pour jour après le déclenchement de l’offensive libératrice, l’anniversaire de la deuxième victoire de la Marne était célébré devant le château.

Au cours de cette cérémonie, un drapeau était hissé à la cime d’un arbre, à l’emplacement de la future chapelle, et la chronique rapporte que ce fut là un moment d’émotion intense.

Décédés respectivement en 1924 et 1929, ni mon aïeule, ni le Maréchal FOCH, ne purent être présents à Dormans le 12 juillet 1931 lorsque le Général WEYGAND, Inspecteur Général de l’Armée, inaugura ce monument qui venait d’être achevé.

Mais nos familles ne restèrent pas longtemps absentes de la Fondation. Dès 1934, Madame la Maréchale FOCH et ma grand-mère, belle-fille de la fondatrice, en devenaient l’une et l’autre Présidentes d’Honneur. A son tour, Madame FOURNIERFOCH succédait à sa mère, la Maréchale, remplacée ensuite par son fils, le Colonel FOURNIER-FOCH. Mon père était élu Président en 1977, et j’ai moi-même repris le flambeau à sa mort, en 1989.

A la suite d’un conseil d’administration en 1997, notre Fondation était dissoute, et l’association de sauvegarde constituée quelques années auparavant fusionnait avec l’amicale des gardiens bénévoles pour donner naissance à une nouvelle entité. Une structure qui évolue au gré des conventions avec la commune de Dormans et qui a récemment abouti à la création de l’association « Mémorial de Dormans 1914-1918 », tout en conservant le même état d’esprit que dans le passé.



Comte Jean de La ROCHEFOUCAULD à la cérémonie du 8 juillet 1979

Cérémonie du 8 juillet 1979 – de gauche à droite :

  • Bernard STASI, ancien Ministre, Député de la Marne, Vice-Président de l’Assemblée Nationale
  • Général LAFONTAINE, Commandant la 10° DB/63 DMT
  • Monseigneur PIERARD, Président d’Honneur de la Fondation « Monument des Victoires de la Marne et Ossuaire de Dormans »
  • Comte Jean de La ROCHEFOUCAULD, Président de la Fondation « Monument des Victoires de la Marne et Ossuaire de Dormans »
  • Jacques de ROCCA-SERRA, Sous-Préfet d’Epernay
  • Robert RENNEPONT, Maire de Dormans
  • Général MASSU, ancien Commandant en Chef des Forces Françaises en Allemagne

La charge est lourde pour cette équipe de bénévoles dont je salue le dévouement. La Municipalité de Dormans, maintenant propriétaire des lieux, se heurte à de nombreuses difficultés, mais le maire, Christian BRUYEN, un homme de grande envergure, met tout en oeuvre pour les surmonter, comme l’ont fait ses prédécesseurs.

Au nom de la fondatrice, mon arrière grand-mère, la Duchesse d’ESTISSAC, au nom de Monseigneur TISSIER, au nom de Monseigneur PIERARD, au nom de mon père, qui m’ont précédé à la présidence de l’ancienne Fondation, je remercie de tout coeur ceux qui apportent leur aide précieuse et maintiennent leur regard fixé sur une même étoile : « sauvegarder ce monument pour qu’il continue à accomplir sa mission sacrée ».

Comte Philippe de LA ROCHEFOUCAULD
Président d’Honneur de la Fondation « Monument des Victoires de la Marne et Ossuaire de la Marne »
Président d’Honneur de l’association « Mémorial de Dormans 1914-1918 »